Philippe Coudray
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 Janvier-Juillet 2006 : comment le gouvernement détourne l'appareil législatif pour tenter de torpiller l'agriculture biologique…

Mars 2007 : pétition à signer pour le droit aux semences naturelles : http://www.univers-nature.com/signez/?code=cat
Mars 2007 : signez l'appel d'Orléans, "un moratoire pour un printemps sans OGM" : http://www.moratoireogm.fr/spip.php?article1

Oiseau vert

Facile de faire des lois quand on on s'appelle "ministre de l'agriculture" ou "ministre des sciences et de l'industrie"...
Mais voilà,  cette faculté de faire des lois, elle a été prêtée aux législateurs par le peuple, via le suffrage universel. Ce que le peuple attend des législateurs, c'est qu'ils défende ses intérêts, je veux dire ceux du peuple. Et entre autres la santé publique.

Or voilà que les deux ministères précités ont inventé une loi qui interdit aux agriculteurs biologiques d'utiliser des produits naturels pour lutter contre les insectes, comme par exemple le purin d'ortie. Sous prétexte que ces produits ne sont pas homologués. En d'autres termes, les produits non-homologués sont peut-être dangereux, alors mieux vaut les interdire... A la suite du tollé que cette loi a engendré, le ministère de l'agriculture a réagi et a proposé une interprétation de la loi : les agriculteurs bios peuvent  utiliser ces produits mais ne peuvent les acheter, car dès qu'il y a commercialisation, il y a autorisation de mise sur le marché... C'est un peu mieux, mais ça pénalise toujours lourdement les agriculteurs qu doivent fabriquer ces produits eux-mêmes. Voir la réaction du ministère : ici.

Il est intéressant de voir les arguments employés par le ministère :

"En revanche, les agriculteurs et les jardiniers ne sont pas autorisés à commercialiser, ou à distribuer même gratuitement ces produits, car dans ce cas une autorisation préalable est requise, à l’instar de ce qui existe en matière d’évaluation des médicaments vétérinaires ou humains. Cette procédure garantit que les produits phytopharmaceutiques mis sur le marché sont sans danger pour l’utilisateur, le consommateur et l’environnement, et efficaces dans la lutte contre les maladies contagieuses des plantes. Certains produits naturels (ciguë, belladone, nicotine...) sont en effet dangereux pour l’utilisateur et/ou le consommateur."

En quelque sorte, il faut vérifier que les agriculteurs bio ne détruisent pas les insectes en mettant de la ciguë ou de l'amanite phalloïde dans les aliments... Beau prétexte hypocrite pour justifier ce contrôle que rien ne justifie, aucun problème de santé n'ayant jamais été démontré lié à l'agriculture biologique.

(la loi d’orientation agricole parue au Journal officiel du 5 janvier 2006)

Ces produits naturels n'ont jamais de mal à personne depuis des siècles. Par contre, les pesticides, insecticides et engrais chimiques déversés sur nos sols provoquent des cancers, de l'infertilité masculine, polluent les sols, tuent la biomasse, stérilisent les sols, et cela en toute impunité.

Ce qui signifie que nos chers ministres ont rendu illégal ce qui est bon pour la santé et légal ce qui est mauvais.
Devinette : quels intérêts ces gens-là défendent ? Ceux de la santé publique ? Ceux des consommateurs ? Ceux de l'environnement ? Ou ceux des multinationales, des lobbies de l'agro-alimentaire industriel ?

En clair : on donne à des ministres le pouvoir de créer des lois, et ils détournent ce pouvoir à des fins privées, à savoir attaquer l'agriculture biologique en accord avec le bon vouloir des multinationales de l'agro-alimentaire.

Personnellement, j'appelle ça un état-voyou.

Est-il utile de rappeler les bienfaits de l'agriculture biologique ? En gros : pas de produits cancérigènes dans vos assiettes, pas de baisse de la fertilité masculine (due aux pesticides), un meilleur goût, plus de vitamines et de minéraux, pas de pollution des sols et des nappes phréatiques, pas d'épuisement des sols, pas de souffrance animale, le maintien de la biodiversité, le maintien d'une biomasse dans le sol qui absorbe les gaz à effet de serre, plus d'emplois par mètre carré de cultures, et de beaux paysages remplis d'oiseaux et de papillons…

A la suite, donc, des réactions, le ministère de l'agriculture a donc déjà fait un premier pas en arrière en autorisant les agriculteurs à utiliser ces produits à condition de les fabriquer eux-même, sans qu'il y ait commerce.  Comme quoi, réagir est important. Il faut aller plus loin :

Si vous désirez lutter contre cette loi injuste, vous pouvez signer une pétition ici,  mais également adhérer à l'association des Amis de l'ortie, qui défend la reconnaissance des produits naturels utilisés en jardinage (10 euros)
(bulletin d'adhésion ici). Vous pouvez également acheter le livre de Bernard Bertrand : " Purin d'Ortie et compagnie"
B. Bertrand, J.P. Collaert et E. Petiot  (95 pages, 15 euros, Editions Terran), qui diffuse les recettes de ces produits naturels. Voir aussi : http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2366

Vous pouvez aussi acheter, au moins en partie, bio. C'est plus cher, mais... La nourriture industrielle coûte son prix plus une partie de vos impôts qui sert à la dépollution, une partie de votre facture d'eau qui sert à la dépollution, plus une partie de votre cotisation sécurité sociale à cause des cancers etc...

Ci-dessous, une lettre ouverte, recommandée avec avis de réception que j'ai envoyée au ministère de l'agriculture le 20 octobre 2006. Je publierai leur réponse ou leur absence de réponse. Si vous souhaitez envoyer aussi un courrier de protestation au ministère, n'hésitez pas. Vous pouvez, si vous le souhaitez, reprendre ce modèle ou l'améliorer...

Lettre recommandée AR ministère de l'agriculture


Lettre recommandée AR                     Le 20 octobre 2006


A l’attention de :
Monsieur le ministre Dominique Bussereau
ministère de l’Agriculture et de la Pêche
78, rue de Varenne
75349 PARIS 07 SP (France)


Monsieur le ministre,

Je ne suis pas agriculteur mais simple citoyen, consommateur de nourriture biologique, et ne défend dans ce courrier aucune orientation politique.

J’ai découvert avec consternation le texte de loi d’orientation agricole n° 2006-11, du 5 janvier 2006.

Cette loi interdit à tout agriculteur d’utiliser, donner ou conseiller des produits naturels (phytopharmaceutiques) destinés à l’agriculture, sous prétexte qu’ils n’ont pas fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché.

A la suite de la réaction des agriculteurs bio, une “interprétation” de la loi a été proposée par le ministère de l’agriculture, qui revient en arrière sur le texte même en le contredisant, limitant l’interdiction à la seule mise sur le marché.

Cette loi, malgré le recul du ministère contraint par la réaction des agriculteurs bio, n’a aucune justification en elle-même.

Pourquoi ?

Parce que le principe de précaution qui consiste à vérifier l’innocuité d’un produit avant sa mise sur le marché ne se justifie que pour les produits nouveaux, non-connus, ne faisant pas l’objet d’une expérience séculaire.

En effet, étendre ce principe à tous les produits, c’est nier la valeur de la connaissance acquise par les agriculteurs depuis des siècles, et affirmer la toute puissance de l’efficacité d’une étude scientifique d’innocuité. Le temps de prouver réellement cette innocuité, tous les produits utilisés depuis des siècles se trouvent de fait interdits.

Cette logique qui consiste à considérer comme suspect tout produit par principe, même si aucune raison ne le justifie après des siècles d’utilisation, mène au délire. Il s’agit en effet d’un principe sans limite : si l’on suivait cette “logique” jusqu’au bout, il faudrait considérer comme suspect tous les produits naturels que nous mangeons depuis des siècles, et les interdire en attendant de faire la preuve de leur innocuité : carottes, pommes de terre, navets, choux, poires, blé... sous prétexte que les amanites phalloïdes existent.

L’unique argumentation du ministère de l’agriculture est de rappeler qu’il existe des produits naturels dangereux comme la ciguë, la belladone, la nicotine, les amanites... Or, c’est précisément par l’expérience accumulée que l’on connaît depuis longtemps la dangerosité de ces produits.

Les tests scientifiques destinés à prouver l’innocuité d’un produit n’ont pas l’efficacité que l’idéologie scientiste voudrait leur donner. Tout le monde sait qu’un cancer peut mettre vingt ans à se développer, qu’une étude sur un produit doit se donc se faire sur le long terme et sur un grand nombre d’individus pour être statistiquement significative. Ce qui revient à dire qu’un produit naturel doit être interdit très longtemps avant d’être autorisé sur le marché.

A cela on peut ajouter que les produits artificiels (engrais et pesticides de synthèse) on fait, eux, l’objet d’une autorisation sur le marché. Ce qui revient à dire qu’ils sont inoffensifs... Pourtant tout le monde sait aujourd’hui que ces produits provoquent des cancers et autres maladies, des désordres hormonaux, une pollution et une stérilisation du sol...

Tout ceci démontre l’absurdité de cette loi.

Quant une loi absurde apparaît, on peut légitimement se demander quelles sont les intentions qui ont poussé le ministère à la produire.

Cette loi, telle qu’elle a été écrite, en interdisant aux agriculteurs bio la simple utilisation de ces produits, signait, si les agriculteurs bio n’avaient pas contraint le ministère à reculer, la fin de l’agriculture biologique. Qui peut souhaiter la fin de l’agriculture biologique ? Il n’est pas nécessaire de chercher très loin : l’industrie agro-alimentaire.

Quel rapport y a-t-il entre l’industrie agro-alimentaire et le ministère de l’agriculture ? La première défend ses propres intérêts, privés. Le second est censé défendre des intérêts publics comme la santé publique, la transmission aux générations futures de terres agricoles non polluées et non stériles.

Hors, ce ministère veut interdire des produits inoffensifs (comme le purin d’ortie) et autorise par ailleurs des produits cancérigènes (engrais et pesticides de synthèse).

Cela ressemble à s’y méprendre à la défense des intérêts privés de l’agro-alimentaire industriel.

Ce qui est très grave, c’est que le ministère de l’agriculture détourne l’appareil législatif qui lui a été démocratiquement prêté par les citoyens pour défendre des intérêts privés qui s’opposent au bien public.

Est-il nécessaire de rappeler que les agriculteurs biologiques sont des personnes motivées par des valeurs qui devraient être celles du ministère de l’agriculture : produire des aliments sains pour les consommateurs et pour les sols, léguer aux générations futures des sols riches et vivants (et non pas stériles comme ceux de l’agriculture intensive), créer une biomasse qui lutte contre l’effet de serre, respectant la diversité biologique et les paysages, en créant de l’emploi.

J’attends de votre part une réponse motivée et argumentée (en évitant, s’il vous plaît, les arguments irrecevables du genre que les agriculteurs vont répandre de la ciguë sur leurs plates-bandes), en espérant que vous saurez me convaincre que suspecter le purin d’ortie et autoriser des pesticides cancérigènes est tout-à-fait normal.

Cette lettre ouverte, qui sera publiée sur mon site (http://www.philippe-coudray.com/Pages/1-Sous-pages/Ortie.html), ainsi que sa réponse ou absence de réponse, sera également envoyée à la presse et aux principaux partis politiques.

Je vous prie de croire, monsieur le ministre, à l’expression de mes sentiments distingués.

Philippe Coudray